Privé, Public : Adversaires ou partenaires ?

Publié le par Grégoire

Les régions comme nouvel acteur sur les échiquiers économiques nationaux et internationaux et comme corollaire de nouveaux terrains de jeux économiques et sociétales
 
(Libération)
(Le Monde)
(Le Figaro)
 
L’entrée de régions européennes dans le capital d’EADS montre un tournant dans la vision du rôle de l’Etat dans le jeu économique. Il ne s’agit pas d’une position d’actionnariat de l’Etat héritée d’une politique de nationalisation dont le bilan est aussi contrasté que ne l’ont été les gens qui ont mené ces sociétés françaises à la dérive ou à la pointe de leur secteur. Désormais, l’Etat a fait entrer les régions dans le jeu. Ces nouveaux acteurs cherchent à s’émanciper sur le modèle de leurs cousins européens existants dans des pays de culture régionaliste. Dans ce nouvel épisode de la saga Airbus, les régions allemandes entrent dans l’arène et les régions françaises veulent suivre cette initiative.
Première remarque : la comparaison du poids financier des régions françaises ne semble pas à la hauteur des capitaux d’investissements des Länder allemands. Cela s’explique par le simple constat que ces derniers sont éminemment plus riches que les régions françaises. Aussi, un déséquilibre d’influence allemande est prévisible, mais il a déjà commencé comme l’a montré la mobilisation des syndicats allemands pour que leurs salariés ne soient pas les principales victimes du plan de restructuration d’Airbus. Ce qui est arrivé ! Il serait intéressant de poser la question de la politique économique que les Länder et l’Allemagne plus globalement sont en train de mettre en place. S’agit-il d’une mainmise allemande par le levier de ces régions ? Ou s’agit-il de la volonté indépendante des régions de vouloir peser dans le jeu de l’économie pour pouvoir l’influencer ?
 L’idée d’utiliser l’investissement pour peser indirectement dans le dialogue économique et social qui oppose les intérêts publics aux intérêts particuliers des entreprises. Cependant, le fait de devenir acteur minoritaire permet de peser dans les décisions ; c’est là que le nœud des règles de jeu bascule. Quels vont être désormais les intérêts poursuivis par des régions acteurs économiques ? Vont-elles privilégier l’intérêt de la société dont elles sont actionnaires ou vont-elles peser dans les décisions pour l’intérêt du territoire dont elles ont la charge, en faisant en sorte que l’entreprise développe ses activités sur son territoire au détriment de régions françaises par exemple ?
Ce grand jeu d’influence permet, au-delà du simple cas Airbus, d’entrevoir le nouvel échiquier qui est en train de se substituer à celui de la guerre froide. Ce n’est peut-être pas « la fin de l’Histoire » mais d’une partie de l’Histoire, dont l’effet est l’apparition d’un nouvel échiquier qui est en train de se structurer par l’action de nouveaux acteurs, par l’inertie d’anciens acteurs ou par leur changement de stratégie. Ces derniers sont en train de concéder certaines pièces du jeu. La question qui reste en suspens est de savoir si ces nouvelles pièces sont libres ou sous le contrôle des anciennes pièces maîtresses, c’est-à-dire les Etats ?
On passe du monde de la géopolitique à celui de la géoéconomie dans la mesure où les sociétés multinationales jouent à jeu égal avec celui des Etats et ont même des marges de manœuvre supplémentaires. Mais les Etats n’ont pas dit leur dernier mot car ils ont encore les moyens de combler les carences normatives internationales qui offrent les marges de manœuvre à ces grands groupes légaux comme les sociétés ou illégaux comme les groupes mafieux internationaux. Ces entités légales ou pas ont un poids financier considérable capable de fléchir les Etats. Il serait intéressant de détailler le jeu de maître déployé par ces entités économiques et financières qui sont capables de mettre en place leur jeu d’influence, d’en user pour survivre et de croître sur un terrain dont les règles sont édictées par des joueurs d’une autre nature.
 
(Le Monde)
Face à des nouveaux acteurs qui réduisent la surface du jeu, on peut se résoudre à augmenter cette surface, ce qui permet de redonner plus de marge aux joueurs premiers, aussi éditeurs de règles. Il suffit pour cela de créer de nouveaux terrains de jeu. C’est en cela par exemple que l’écologie devient un enjeu fondamental. C’est en cela que le signal faible va dans ce sens avec la déclaration de M. Ban à la dernière Assemblée Générale junior de l’ONU.
 
P.S : Cette prospective de signaux faibles permet d’émettre des hypothèses de travail sur un avenir incertain mais dont les risques mis en avant permettent de mettre en place des contres–mesures que l’avenir obligera à activer ou pas.
(Le blog sur l’Intelligence Economique des Echos)
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